Chiche ! Chambéry (73)

Le développement durable, la caution verte du système

octobre 2007

Malgré tout, se demanderont certain-e-s, la notion n’a-t-elle pas une incidence dans les politiques publiques, même sans avoir bouleversé le système ? Et plus généralement sur les mentalités ?

Les politiques publiques au défi du développement durable ?

Il est vrai que le développement durable est devenu une approche globale qui intègre les différents domaines des politiques publiques. Cela se traduit même éventuellement par une réorganisation des services des collectivités locales, ou même par une réorganisation du gouvernement avec un vice-premier ministre chargé de l’écologie et du développement durable.

De plus, depuis une circulaire de juillet 2006, s’inscrivant dans la droite ligne de la Charte de l’environnement (désormais insérée dans la Constitution française), les projets territoriaux (Agenda 21 bien sûr, mais aussi projets d’agglomération, chartes de pays, etc.) peuvent être reconnus comme projets de développement durable s’ils entrent dans le cadre de référence de la circulaire (qui a précisé les finalités et les éléments de la démarche qui doivent caractériser un projet territorial de développement durable). Quels sont donc les objectifs du développement durable comme principe d’action des politiques publiques françaises ? D’après un manuel universitaire, ces objectifs sont au nombre de sept :
- assurer le diversité de l’occupation des territoires (partant du postulat que la ville est par nature le lieu de la diversité) ;
- faciliter l’intégration urbaine des populations ;
- valoriser le patrimoine ;
- veiller à une utilisation économe et valorisante des ressources ;
- assurer la santé publique ;
- organiser la gestion des territoires ;
- favoriser la démocratie locale. Nous ne pouvons que souscrire à cette liste d’objectifs, qui d’ailleurs ne se réduit pas à l’écologie stricto sensu mais englobe plusieurs préoccupations de l’écologie politique.

Pour autant ce type de démarche entraîne-t-il un changement de « culture » dans la classe politique dirigeante, dans l’administration et chez les élu-e-s locaux/ales ? Force est de constater par exemple que la mise en place de vélos-stations dans une grande ville française (mesure inscrite à l’Agenda 21) n’empêche nullement le projet de construction d’une seconde rocade.

L’imaginaire social du développement durable

Justement, puisqu’au sujet des pavillons j’ai évoqué les aspirations des ménages français, quel est l’impact de la notion de développement durable sur l’imaginaire des gen-te-s ? Si l’on demande aux Françai-se-s ce que leur évoque la notion, la plupart répondra recyclage, biocarburants, énergies renouvelables, économies d’énergie, ferroutage, et éventuellement développement des modes de transports « doux ».

En fin de compte, pour une grande partie des Françai-se-s, le développement durable fait appel à des solutions techniques qui ne remettent pas en cause notre mode de vie. Or sans dénigrer l’importance de ces solutions techniques, il faut être conscient qu’elles ne sont que des solutions partielles et qu’elles peuvent même s’avérer perverses dans certains cas.

Le puits sans fond des besoins

Ainsi, concernant l’énergie, il est évident qu’il faut développer les énergies renouvelables ; mais sans oublier que pour sortir de la dépendance à l’égard des sources d’énergie polluantes, il faut mettre fin à la boulimie d’énergie actuelle. L’efficience énergétique nous le permettra-t-elle ? Pas forcément. Elle peut même aggraver cette boulimie par l’effet rebond, phénomène mis en évidence dès la fin des années 70 et résumé ainsi par Jean-Marc Jancovici (ingénieur polytechnicien ayant effectué des calculs pour l’ADEME) : « L’efficacité technologique, si elle est mise en oeuvre sans remise en cause de la croissance matérielle perpétuelle, peut paradoxalement conduire à l’accroissement de la pression globale : en proposant des usages qui, de manière unitaire, sont moins "nocifs" pour l’environnement, on augmente leur acceptabilité sociale, et on diminue leur coût (chaque utilisateur paiera moins cher en ressources naturelles ou en conséquences de son comportement polluant), et cela conduit à une expansion de l’usage qui fait plus que compenser les gains unitaires. »


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