Chiche ! Chambéry (73)

L’animodération, propositions de pratique pour un groupe

juillet 2001

INTRODUCTION ************

Dans le cadre de réunions ou de séminaires européens et internationaux, on se retrouve souvent à essayer de faciliter au maximum les débats, pour que tous puissent y prendre part, en passant au-dessus des barrières de la langue. C’est au cours de nos expériences ici ou ailleurs que nous avons réalisé que ces méthodes alternatives devaient bien pouvoir être utilisées par des personnes qui (croient qu’elles) parlent la même langue.

Toute une série de techniques, véritables " petits trucs ", permettent, si elles sont appliquées totalement ou partiellement, en fonction du type de réunion, du nombre de participants, de débattre dans les meilleures conditions possibles. Les meilleures conditions possibles, c’est l’équité dans les prises de parole, la compréhension par tous de l’enjeu des débats, la parité favorisée, éviter que les " grandes gueules " monopolisent la discussion. C’est la possibilité pour tous de s’exprimer, pour que la discussion soit vraiment constructive, car elle sera élaborée collectivement.

Par exemple, on utilisera des signes visuels, à la fois faciles à faire et à comprendre et sympathiques, et qui positionnent tous les participants sur un pied d’égalité. Ce sont des signes " de main " (hand signs en anglais), qui permettent à tous de s’impliquer, de façon non-intrusive, lors des interventions de chacun. Ils permettent un débat dynamique, avec des retours de la salle, en évitant les monologues qui sont toujours fatigants pour tous. Ils permettent de " sentir l’ambiance " d’une réunion. Une règle d’or : on évitera toujours les attaques personnelles, en faisant la part entre ce que les gens disent et eux-mêmes.

a) " Je suis d’accord avec ce que tu dis " Les deux mains en l’air, je les agite comme des marionnettes. C’est un retour encourageant pour la personne qui parle, et permet de voir si une proposition est majoritairement acceptée (il y a moins de rupture dans la discussion que si l’on doit organiser un vote indicatif). Plus bruyant, mais avec le même effet, on peut claquer des doigts pour signifier son accord avec ce qui est dit. Ces signes évitent d’avoir à prendre la parole un grand nombre de fois par des interlocuteurs-trices différentEs pour dire la même chose. D’une certaine manière, ça évite de perdre du temps, et surtout de se répéter.

b) " Je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis " Pas de signe spécifique avec un sens, sauf lever la main pour demander la parole. On attendra alors son tour pour exprimer son désaccord.

c) " Je suis perdu, je ne comprends plus " J’agite énergiquement la main devant mes yeux, pour illustrer le brouillard que je ressens. Ce signe évite les interventions intempestives. Si l’orateur-trice le souhaite, il-elle peut demander ce qui n’est pas clair dans son intervention, mais en aucun cas un débat ne doit s’instaurer seulement entre l’orateur-trice et celui ou celle qui ne comprends pas.

d) " Parle moins vite, parle moins fort, ne deviens pas agressif " Les paumes tournées vers le bas, on effectuera un mouvement descendant. L’énervement et l’agressivité sont des sentiments qui sont souvent ressenties par les participants d’une réunion un peu tendue. Avec ce signe, tout le monde peut exprimer son mécontentement face à la tournure que prend le débat. Chacun devra en tenir compte, quitte à s’arrêter un peu pour se calmer et reprendre la parole plus tard.

e) " Parle plus fort, on n’entend rien ici " Les paumes tournées vers le haut, on effectuera un mouvement ascendant. On n’ose pas toujours dire que l’on entend pas, ou mal, car on sait que, d’une certaine façon, il va falloir interrompre l’orateur-trice. Avec ce signe, tout le monde peut s’exprimer, en s’interdisant d’utiliser l’ancienne méthode (crier du fond de la salle). Chacun devra en tenir compte.

f) " Où veux-tu en venir ? " Avec les deux mains, je mime un moulinet. " T’as déjà dis ça ", " C’est bon, on a compris, tu te répètes ", "T’aurais pas envie de conclure ? ". Le mieux est d’accompagner ce signe d’un grand sourire, car il peut être mal pris, mais souvent il est quand même bien compris par l’orateur-trice qui ressasse un argument car il ou elle veut prouver qu’il ou elle a raison.

g) Point d’ordre Je forme un angle droit au dessus de ma tête avec les mains tendues. Ce signe permet d’intervenir à tout moment dans le débat, sans avoir demandé auparavant son tour de parole. L’intervention aura lieu après celle de celui ou celle qui est en train de parler, mais elle n’aura pas de rapport avec le débat à proprement parler. Ce n’est pas un moyen pour placer ses arguments, mais de proposer une réflexion ou des conseils sur le processus et l’organisation du débat lui-même, son déroulement. Ce signe permet aussi d’intervenir pour dire des trucs du genre " Y’a le feu ! ! ! ! ", ou moins grave, de demander de l’aide pour éplucher des légumes ou porter une table, par exemple. On peut aussi s’en servir pour rappeler régulièrement l’heure qu’il est, et donc le temps qu’il reste avant de conclure.

h) " Je connais la réponse à cette question précise " Je lève mes deux index. Ce signe sert à indiquer qu’on connaît la réponse précise à une question qui est soulevée pendant une intervention. Je ne prends la parole que si l’orateur-trice me la donne. Et je me contente de répondre effectivement à la question.

i) " Je suis absolument contre " Je lève un poing. Ce signe est très fort, il ne doit pas être utilisé à tout bout de champs. Il signifie que si une telle décision est prise, celui ou celle qui a levé le poing ne pourra rester plus longtemps dans le groupe. Si ce signe est fait, n’importe qui dans l’assemblée peut demander pourquoi. Mais souvent, simplement demander la parole permet de s’expliquer plus sereinement.

AUTRES TECHNIQUES *****************

A- Préliminaires