Chiche ! Chambéry (73)

Le développement, un projet politique

octobre 2007

Pour s’interroger sur la notion de développement durable, interrogeons-nous tout d’abord sur la notion de développement elle-même. Le développement comme programme politique trouve son origine dans le discours du président américain Truman du 20 janvier 1949, dans lequel il divisa le monde en pays développés et sous-développés, et invita ces derniers à se lancer dans la course au développement censée leur apporter paix et prospérité. Le modèle à suivre n’était autre que les Etats-Unis ; par conséquent ce pays devait jouer un rôle capital dans ce processus en apportant une aide technique permettant de développer l’activité industrielle et d’élever le « niveau de vie ».

Mais si le développement a constitué la clé de voûte des programmes politiques de la plupart des pays du Sud pendant des décennies, quel contenu lui donne-t-on ? Selon l’école anglo-saxonne (représentée par Rostow), le développement est un processus linéaire, ayant pour moteur la croissance économique, et faisant passer les sociétés par cinq stades successifs. A l’époque où Rostow expose cette théorie (dans les années 1950), il estime que seuls les Etats-Unis ont achevé leur processus de développement. Ceci étant, cette approche, considérée comme trop restrictive, appellera des définitions plus riches : l’école française (représentée par François Perroux) donne une définition plus qualitative : « Le développement est la combinaison de changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître simultanément et durablement son produit réel global ».

Premières critiques

Or au bout de quelques décennies de développement, les nouveaux problèmes sociaux et environnementaux engendrés par les politiques de développement alimentent une critique de la notion qui se trouve synthétisée dans le terme nouveau de « mal-développement ». Dans Terre-patrie (1993), Edgar Morin fait une description de ces maux sans avoir recours à ce terme : « En Afrique, les sols s’épuisent, le climat se dégrade, la population croît, le sida ravage. A une polyculture satisfaisant des besoins familiaux et locaux se substitue une monoculture soumise aux aléas du marché mondial. Sous le coup de ces aléas, la monoculture subit crise sur crise ; les capitaux investis dans les secteurs en crise s’enfuient. L’exode des ruraux remplit les bidonvilles de sans-travail. La monétarisation et la marchandisation de toutes choses détruisent la vie communautaire de services rendus et de convivialité. Le meilleur des cultures indigènes disparaît au profit du pire de la civilisation occidentale. »

Un développement plus écolo ?

Le développement devait alors mourir ou se redéfinir sur la base des critiques qui lui étaient adressées. C’est dans ce contexte, avec la publication du rapport Brundtland (en 1987), puis du Sommet de la Terre à Rio (en 1992), que la notion de développement durable (ou soutenable) a émergé comme nouveau principe d’action sur la scène internationale. De plus, le développement durable n’était pas un principe destiné seulement aux pays développés/en développement, il devait également guider les politiques internes des pays développés. Si le développement a eu besoin d’une telle redéfinition pour survivre, n’est-ce pas que la durabilité/soutenabilité du développpement ne va pas de soi ? Peut-il donc exister un développement durable ? Et au-delà de la pertinence de l’expression, le développement durable comme principe d’action est-il efficace ?


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