Chiche ! Chambéry (73)

Critique du système financier : la crise des subprimes

février 2008

Subprimes par-ci, crise des subprimes par-là, ok. Mais c’est quoi les subprimes ?!? A croire que depuis quelques mois, tout va mal (surtout aux Etats Unis) à cause de ces subprimes. On les entend à la radio, à la télé, dans les journaux, alors même qu’on pourrait parier à coût sûr que la majorité de la population ne sait pas de quoi il en retourne réellement. Revenons un instant sur les notions fondamentales liées à cette crise, en essayant sans cesse de garder un regard critique sur ce qui est, hélas, notre système économique.

Tout d’abord, rappelons que la crise des subprimes est un phénomène lié au système de crédit hypothécaire (crédit garanti par une hypothèque) ; mais pourquoi les genTEs empruntent-ils/elles tant d’argent ? Le prix d’un logement, d’une voiture, et même de certains biens de consommation durables, est incommensurable en comparaison d’un salaire de Monsieur et Madame Toutlemonde. Notre société capitaliste, en répartissant de façon inéquitable les richesses et produits créés, pousse les genTEs qui produisent ces même biens à s’endetter pour pouvoir les acheter. Ajoutons à cela que le prix de l’immobilier ne cesse d’augmenter à cause de la spéculation immobilière, et que l’accès à un logement pour touTEs n’est pas discutable (l’accès individuel à une voiture ou à un frigo américain est contestable, mais pas l’accès au logement). Alors pour avoir un « chez eux/elles », les genTEs sont prêtEs à emprunter de l’argent, et cela à presque n’importe quel prix, d’autant plus que tout est fait pour nous inciter à emprunter (publicité, intérêts alléchants, etc.).

Petit rappel sur ce qu’est un crédit…

Souvent conclu entre une banque et un ménage (ici dans le cas qui nous intéresse), le crédit est l’institutionnalisation du prêt d’argent. En effet, il y a des règles strictes que les deux parties doivent respecter. La plus importante est le taux d’intérêt auquel le prêt est souscrit ; car on ne prête pas d’argent gratuitement ! Ce taux d’intérêt est essentiel puisque qu’il définit de combien la banque sera remboursée en plus et donc, combien le ménage paiera en plus.

Le taux d’intérêt est fixe ou variable. En général, il est variable car il suit l’inflation : on empruntent 10 000 euros, mais cinq ans après, les 10 000 euros remboursés valent « moins de pouvoir d’achat ». Donc, si il y a de l’inflation, le taux d’intérêt augmente de façon à ce que l’emprunteur rembourse « le même pouvoir d’achat » que ce qu’il a emprunté. Donc, plus l’inflation est forte, plus on doit rembourser ! Les taux variables peuvent facilement se transformer en piège. Au départ du crédit, le taux est élevé mais les ménages pensent pouvoir rembourser, sans penser que le taux peut brusquement augmenter. Quand cela arrive, ils voient leurs dettes augmenter alors que leurs salaires n’augmentent pas (à quand l’indexation des salaires sur l’inflation ?). Et si les ménages ne pouvaient finalement pas rembourser, suite a l’augmentation des taux d’intérêt ?

D’autre part, lorsqu’une banque prête de l’argent, elle exige des garanties de remboursement. Souvent, le fait d’occuper un emploi stable et assez bien payé suffit. Faut-il encore être dans cette situation. Car c’est bien connu : les banques ne prêtent qu’aux riches, non ? Lorsque le ménage qui demande un crédit dispose de faibles revenus, ou est dans une situation précaire, on fait alors appelle au crédit hypothécaire. La garantie repose alors sur un bien de l’emprunteur. Si ce dernier ne peut pas rembourser, la banque récupère le bien et peut le revendre pour se rembourser. Souvent, ce bien est un bien immobilier (maison, appartement, etc.). Le prix de l’immobilier ne cessant d’augmenter depuis 1945, pas de risque (normalement) que le bien n’ai plus de valeur.

Et si les prix de l’immobilier se mettaient soudainement à chuter, si le bien en question n’avait plus de valeur ?

Par exemple, un ménage veut acheter une maison, il prend un crédit ; la sécurité du prêt pour la banque sera l’hypothèque de la maison. Le ménage pense pouvoir rembourser facilement même si le taux est un peu élevé. Mais le taux d’intérêt est variable : il peut varier du jour au lendemain, et ne dépend que du taux directeur de la banque centrale (qui est normalement stable, nous avons dit normalement…). Au cas où le ménage ne pourrait pas rembourser ? La banque récupère la maison qui sera revendu plus chère que la valeur du crédit (prix initial de la maison). La banque se rembourse, le ménage est revenu à la case départ et tout le monde est content ! Ha oui mais non… les prix de l’immobilier ont baissé (du jamais vu depuis 1945 et pourtant…), la maison ne vaut plus rien, alors comment la banque va-elle récupérer son argent puisque ni le ménage ni l’hypothèque de la maison ne peuvent le lui rendre ?

Vous sentez la crise venir ? Alors voici maintenant une brève présentation de ce qui se passe actuellement aux USA, mais rassurez vous, ça nous touche aussi !

Ce système de crédit n’est pas nouveau, mais c’est la première fois qu’il déclenche une crise financière. On peut noter, entre autre, l’absurdité des deux hypothèses sur lesquelles il repose. La première est de dire que le prix de l’immobilier augmentent depuis 1945 donc pour toujours : faux, la preuve, on observe un diminution depuis 2006. La deuxième est de penser que les taux directeurs de la banque centrale sont stables : faux, ceux ci sont un outil de maîtrise de l’inflation, ils ont commencé à augmenter depuis 2004. Lorsque ces 2 hypothèses ne sont plus valables, c’est tout ce qui repose dessus qui est en crise ! On pourrait se dire la chose suivante : toutes les banques n’ont qu’à « interroger » les titres d’hypothèques de leurs clients en difficulté de paiement, jouer le jeu en admettant leurs pertes, et on fait table rase. Mais comme si la situation n’était déjà pas assez compliquée, vient s’ajouter à cela une formidable invention des marchés financiers : la titrisation.

Quand ce système fonctionne, chaque banque dispose de créances, avec comme sécurité l’hypothèque d’un bien immobilier. Si un client ne peut pas rembourser son emprunt, la banque saisit le bien immobilier et récupère son argent à la revente. Mais les banques échangent leurs créances, on aime bien échanger dans le monde de la finance... Le mécanisme est le suivant : on a une créance, qui vaut donc de l’argent, et on la transforme en un titre, c’est a dire en un produit financier échangeable sur les marchés, d’où le nom de titrisation. L’embrouille, c’est qu’après avoir bien échanger toutes leurs créances, les banques ne savent plus vraiment lesquelles sont fiables (celles dont elles peuvent attendre leur argent) et lesquelles ne le sont pas. Et dans le contexte où l’hypothèque n’a plus de valeur, les banques ne peuvent pas récupérer leur argent grâce à la revente du bien immobilier. C’est ainsi qu’on entre dans période de doute où les banques n’ont plus confiance entre elles, de peur de se faire « refiler » ce genre de créances, appelées créances douteuses.

Vous pouvez donc apercevoir la complexité de la situation… mais cet exemple n’est qu’une goutte d’eau dans la mer : c’est tout notre système qui fonctionne de cette façon ! Des hypothèses invérifiables et des mécanismes incontrôlables, voilà sur quoi repose notre système économique. Et lorsque nos chers économistes nous disent que les crises financières n’atteignent pas l’économie réelle, vous y croyez vous ? Une crise qui est capable de mettre en faillite des banques, alors même que celles-ci sont les fondations de notre système, ne porte-t-elle pas atteinte à la sphère productive ? Arrêtons de croire naïvement que les crises financières, l’inflation, les marchés monétaires, la bourse, les spéculations en tout genre, les banques centrales, la monnaie elle-même, les institutions financières n’ont rien à voir avec la gouvernance de nos vies. Car le chômage, le prix de nos logements, les salaires, la répartition des richesses, et bien d’autres questions sont corrélées à ces concepts ! Et ces questions là, elles, sont bien réelles. Nous ne devrions pas accepter que ce soit des « marchés financiers lointains qui décident de nos vies sans nous demander notre avis » (Jean Zin, L’écologie politique à l’ère de l’information). Et le premier pas, c’est d’en être conscient, collectivement. Car ce qui est révoltant, ce n’est pas la petite poignée d’élites qui nous orientent nos vies, mais c’est plutôt la masse d’individus moutonneux qui peuvent leur obéir d’une croyance aveugle. C’est à nous touTEs, collectivement, de repenser notre système dans sa globalité, pour construire une alternative à l’économicisme actuel.

Tu crois que tu peux repenser ton économie ? Chiche !


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